Compte rendu de la réunion de restitution par Bordeaux Sciences Agro

L’agriculture sur le territoire du SMAHBB,
Diagnostic et perspectives

 

 

Début de réunion à 14h30

Cette réunion fait suite à l’étude menée par les étudiants de Bordeaux Sciences Agro (BSA) sur le territoire du Syndicat Mixte d’Aménagement Hydraulique des bassins versants du Beuve et de la Bassanne (SMAHBB). Ce sont 10 étudiants de dernière année qui se sont penchés sur les problématiques d’érosion des sols et de potentialité agricole sur le secteur et présentent les grands résultats et axes de réflexion qui ont été mis en lumière.

Monsieur CHERY, chef de formation à Bordeaux Sciences Agro remercie Monsieur le Président du SMAHBB pour avoir porté cette étude et fait appel aux services de l’école pour la mener à bien. Il indique que le travail des étudiants s’inscrit dans un module de projet professionnel comptant pour l’évaluation finale et que la présentation de ce jour fait partie de l’évaluation. Cette restitution orale

est couplée à la rédaction d’un rapport écrit complétant certains points ne pouvant être abordés ce jour pour faciliter la compréhension. L’édition d’un mini-guide de bonnes pratiques est aussi en cours d’élaboration.

Le support de présentation vous est présenté ci-après :

Bordeaux Sciences Agro – Support Soutenance_SMAHBB (cliquez pour l’ouvrir)

 

En conclusion, Monsieur COURREGES, Président du SMAHBB, remercie en premier lieu le Conseil Départemental de la Gironde représenté aujourd’hui par M. LACROIX pour avoir aiguillé le SMAHBB vers BSA ainsi que l’Agence de l’Eau Adour Garonne représentée par Mme BRIS pour son partenariat technique et financier sur cette étude. Il remercie Bordeaux Sciences Agro, Monsieur CHERY ainsi que les étudiants pour leur professionnalisme car les retours sont très bon de la part des personnes ayant été auditées, ce qui peut s’illustrer par le nombre de personnes présentes ce jour. Il indique que cette étude servira d’appui aux décisions d’orientations du SMAHBB et sera diffusée aux partenaires et irrigants.

Questions / Remarques – Réponses :

– Concernant le volet Erosion, il ne semble pas que ce soit une problématique prégnante sur le secteur. Dans ce cadre, il n’est pas légitime de stigmatiser les agriculteurs sur leurs pratiques, et notamment d’irrigation raisonnée. L’irrigation est vitale pour le maintien de l’agriculture sur le territoire et pour son avenir, notamment grâce à l’installation de jeunes agriculteurs. Concernant le changement climatique, il n’y a pas d’urgence car les effets ne se sentent pas encore

L’idée n’était pas de stigmatiser l’agriculture, mais uniquement de connaître le ressenti des acteurs locaux faces à différentes problématiques que l’on peut rencontrer sur les différents territoires. L’érosion reste présente et non négligeable comme peuvent le démontrer les photographies aériennes, mais tend à être minimisée. Des actions préventives peuvent être mises en place très facilement à l’échelle de la parcelle.

– En ce qui concerne le comblement de l’aqueduc de Bassanne, le fait que l’érosion puisse y jouer un rôle apparait comme limité. C’est le déficit d’entretien qui est responsable de cette dégradation

Il semble que Voies Navigables de France (VNF), propriétaire de l’ouvrage, manque de moyen pour entretenir ses ouvrages. Néanmoins, l’aqueduc est situé dans une zone vulnérable au risque érosion du fait de sa topographie et occupation des sols, ce qui est un des principaux facteurs à son comblement.

– Il est vrai que le déficit d’entretien est flagrant sur cet ouvrage, faute de moyens mis en œuvre par VNF. Sur les 3 aqueduc du secteur, un seul est en état de fonctionnement.

Concernant cette problématique, la question est de savoir la vitesse d’accumulation des sédiments. En quantifiant les apports, il est possible de mesurer l’impact des phénomènes d’érosion à cet endroit.

– Je possède une parcelle sur un secteur où le risque lié à l’érosion est fort, hors cette parcelle est de nature argileuse et donc par définition peu soumise à ce problème, pourquoi ?

Les cartographies ont été réalisées sous échelle 1/100 000e, d’où un certain déficit dans la précision à l’échelle de la parcelle. L’étude portait sur une caractérisation globale du territoire en ciblant des secteurs à enjeux. Une précision à la parcelle aurait pris beaucoup plus de temps dans sa mise en œuvre sachant que ce genre de carte n’existe pas dans le commerce, le délai est estimé à une année pour sa création sur un tel territoire.

– Concernant la priorisation des types de surfaces soumises au risque érosif, vous placez le bâti comme très peu explosé alors que l’on sait que la présence de surfaces dures est un facteur aggravant au voisinage immédiat. Pourquoi ?

Le bâti en tant que tel n’est pas ou très peu soumis au risque érosif. Par contre il est vrai que l’imperméabilisation des sols induit une augmentation de la vitesse des eaux, préjudiciable au voisinage direct. Néanmoins, la prise en compte de ce modèle pour cette étude aurait là aussi demandé beaucoup plus de temps.

– Concernant le choix des cultures, vous avez choisi de mettre l’accent sur les cultures que vous avez jugés les plus représentées sur le territoire à savoir la Maïs, Tournesol, Blé et Orge or, il semble que les cultures de Blé et d’Orge ne soient pas les plus fréquentes sur le territoire. Dans le Sud-Gironde les pluies hivernales sont conséquentes, apportant un excès d’eau du fait de la rétention dans les sols, préjudiciables aux cultures, ce qui explique la faible présence de cultures d’hivers sur notre territoire car elles sont inadaptées aux conditions locales. L’impossibilité de diversification des cultures est plus une contrainte qu’un manque de discernement de la part des exploitants. La prise en compte de la répartition des pluies sur l’année aurait été pertinente dans la démarche. Un des axes de réflexion qui aurait peut- être pu voir le jour est la potentialité d’aménagement des bassins versants afin de permettre le drainage des parelles en hiver ce qui permettrait l’implantation de ce type de cultures afin de recueillir l’eau et la stocker en vue de se prémunir des pénuries en été.

Le peu de temps imparti pour l’étude n’a pas permis une appropriation totale du territoire sur un pas de temps suffisant pour pouvoir appréhender complètement les subtilités locales. Néanmoins, le modèle proposé prend principalement en considération le critère pédologique et à moindre mesure climatique. Sur le secteur les sols sont lessivés avec différentiation texturale entre les argiles en profondeur et les limons en surface, les signes d’hydromorphie laissent en effet penser que les sols se gorgent d’eau en hiver. L’étude des aménagements aurait tout à fait été possible sur le secteur mais elle ne faisait pas partie de la commande du SMAHBB. En ce qui concerne le choix des cultures, le SMAHBB voulait de la même façon étudier les cultures d’hiver afin de comprendre leur potentialité et d’étudier la faisabilité de la mise ne place de ces cultures.

– Si l’on s’en tient aux cartes de rendu, on remarque que les terres qui jouxtent les cours d’eau sont les terres les plus favorables pour l’agriculture. Hors, les contraintes écologiques actuelles et notamment Natura 2000 sont en opposition avec cette démarche.

(Remarque a posteriori) : Natura 2000 n’a pas vocation à contraindre les activités à l’intérieur des sites, il s’agit d’une politique incitative basée sur le volontariat pour la mise en place d’actions en faveur du milieu naturel et notamment des espèces et habitats cibles en ouvrant la voie au débat et à l’intégration du volet environnemental dans les projets territoriaux.

– Audrey BRIS de l’Agence de l’Eau Adour Garonne remercie Bordeaux Sciences Agro pour cette étude qui apporte des arguments en faveur de la gestion intégrée des bassins versant. Elle précise que concernant la mise en place de culture innovantes, des programmes de recherche ont cours en Charentes dont les informations sont disponibles sur le site de la Chambre Régionale d’Agriculture (http://www.aquitainagri.fr/agronomie-et- environnement.html). Plusieurs études prospectives à l’échelle du bassin versant de la Garonne et de l’Adour ont mis en évidence une potentielle diminution des débits des fleuves de 50 % à l’horizon 2050 (http://www.eau-adour-garonne.fr/fr/grands-dossiers/la-garonne- 2050.html). De cette façon, il semble primordial de travailler de concert avec les organisations agricoles pour répondre à ces enjeux.

Des études menées l’année dernière par BSA en partenariat avec des chambres d’agriculture sur la ressource en eau ont confirmé ces hypothèses. Plusieurs scénarios avancés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) impliquent des déficits hydriques estivaux de plus en plus marqués, ce qui peut remettre en cause certaines pratiques culturales à moyen terme.

– Concernant les potentialités agricoles des sols, vous avancez le fait que certains sols sont plus favorables à certaines cultures, qu’en est-il des sols à faible potentialité, comment les valoriser ?

Les potentialités des sols varient selon les cultures. Dans notre cas, l’étude s’est basé sur un modèle adapté pour les 6 cultures annuelles choisies. Il est possible qu’en appliquant ce modèle à d’autres cultures, les répartitions des potentialités soient différentes.

– On remarque que dans votre étude, la préservation des prairies est un enjeu important pour la diminution du risque érosion. L’élevage est le meilleur moyen de conservation des prairies, comment maintenir cette activité sur le secteur ?

L’élevage est en régression sur le territoire depuis quelques années. Néanmoins, les dernières fermes d’élevage ont dû prendre de l’ampleur pour perdurer et faire face aux contraintes financières. La question de la transmission des exploitations se pose, notamment pour ces grandes exploitations. Certaines préconisations et modalités de transmission seront plus développées dans le rapport d’étude écrit.

– Lionel LACROIX de département de la Gironde félicite les étudiants, notamment au niveau de la densité des informations transmises. L’intérêt est de pouvoir valoriser les données, notamment au niveau d’un débat avec les instances décisionnelles.

1/ Cette étude apporte des éléments concernant l’apport de matières fines au niveau du cours d’eau, néanmoins, est-il possible de mesurer le transport sédimentaire afin de caractériser au mieux l’impact de l’érosion des sols sur les cours d’eau ?

Plusieurs outils existant permettent de mesurer le transport sédimentaire, ils impliquent un suivi sur le moyen/long terme et une bonne connaissance du territoire (bandes enherbées, haies, fossés…). Il y a possibilité d’installer des capteurs sur les systèmes hydriques répartis sur le territoire pour modéliser le comportement de transport sédimentaire à l’échelle des bassins versants. Cela reste une étude à réaliser sur un pas de temps d’une année et impliquant l’achat des capteurs.

Donc des possibilités existent pour aller un peu plus loin dans la démarche. Il serait intéressant de caractériser l’impact des mesures en comparant une parcelle soumise au risque d’une parcelle ayant mis en place des mesures préventives.

2/ Il est nécessaire que la problématique agricole soit saisie par les collectivités afin de faire remonter ces inquiétudes au plus haut niveau. Ce qui est apparu lors de cette présentation, c’est que pour être efficient, une carte plus fine aurait été nécessaire.

Cette étude a servi principalement à donner les grandes lignes de l’état actuel du territoire sur les sujets abordés, elle peut être affinée par la suite avec des études complémentaires.

 

3/ Un des facteurs qui n’a pas été cité, c’est l’adaptation des semences au contexte local, plusieurs actions sont actuellement menées en ce sens.

  • Il est vrai que les pratiques agricoles de ces dernières années ont plus porté sur l’agrandissement des parcelles agricoles et à leur homogénéisation. Les exemples quand même nombreux argumentant sur le bienfondé des mesures préventives (mise en place de bandes enherbées). On peut sensibiliser les gens en faveur de la mise en place de « bonnes » pratiques. Néanmoins, dans le cas d’épisodes orageux importants, il sera difficile d’avoir des mesures efficaces.
  • Les mesures agronomiques à mettre en place sont efficace, par contre on peut se questionner sur leur faible popularité. C’est la perte financière inhérente à la mise en place de ces pratiques qui pose problème (perte de rendements, diminution de la SAU…). Ceci doit être pris en compte au niveau européen et de la PAC afin de sécuriser les financements.
  • Concernant la dynamique des ruisseaux, possédez-vous des données concernant leur état et possiblement des actions à mener dans le cadre de la gestion du transport sédimentaire ?

Cette problématique fait partie de la gestion intégrée de l’érosion et transport sédimentaire, néanmoins elle ne faisait pas partie de la commande pour le partenariat avec Bordeaux Sciences Agro. Cette formation est compétente sur les aspects agro-pédologiques mais peu sur les aspects hydrauliques.

  • Concernant la gestion des cours d’eau, le SMAHBB est porteur d’un plan de gestion prenant en compte ces problématiques spécifiques au cours d’eau, et anime aussi le Document d’Objectifs Natura 2000 qui peut être un levier à la mise en place de dispositifs favorisant les pratiques en faveur des milieux d’intérêt communautaires, représentés en nombre sur le territoire.
  • L’intégration de ces aspects dans les Documents d’Urbanisme peuvent aussi être une option valable pour sécuriser ces espaces à fort potentiel agronomique.

Fin de réunion à 16h30

 

Le présent compte-rendu est accepté s’il ne fait l’objet d’aucune remarque.